Jeudi, le président du GS Consolat, Jean-Luc Mingallon, nous a reçu dans son bureau. Ce dernier a évoqué pour Football Club de Marseille son club, son coach mais aussi les relations avec l’OM. Le président du GS Consolat n’est pas tendre avec la direction du club phocéen. Ce dernier avait aussi évoqué son envie de jouer au Stade Vélodrome (Voir ici).
Mingallon: « C’est déjà une fierté d’avoir porté la cité à ce niveau »
Jean-Luc Mingallon, votre club, le GS Consolat, se situe dans les quartiers nord de Marseille, c’est une fierté de voir votre club évoluer de cette façon ?
Jean-Luc Mingallon : Je viens des quartiers nord, je le revendique. Je suis né à Consolat, c’est déjà une fierté d’avoir porté la cité à ce niveau, on est plusieurs à l’avoir portée d’ailleurs, je ne veux pas récolter tous les lauriers (rire). Voir le club aussi haut, être connu à Paris, de partout, c’est une fierté. Qu’on parle des quartiers nord différemment, c’est une fierté. Quand on parle de Marseille dans les médias, c’est toujours négatif. Des chaînes étrangères viennent faire des reportages et ce qui les intriguent, ce sont les quartiers nord… on a été joué à dans des patelins, on s’est fait traiter de voleurs de tapis, de fils de Tapie. J’ai eu une discussion à Grenoble avec un mec qui me disait qu’on avait l’escroquerie dans le sang. Dans le Nord, ils cultivent l’image de la pédophilie, alors moi je préfère être un escroc…
Nicolas Usaï fait un travail remarquable en équipe première. Pouvez-nous décrire ses méthodes de travailler ? Pensez-vous qu’il a les épaules pour entraîner en Ligue 1 ?
J.-L. M : Nicolas est un garçon avec un parcours professionnel exemplaire, qui n’a pas brûlé les étapes. Il a appris le métier en étant entraîneur adjoint pendant trois, quatre ans à Istres. Il a eu des joies, des déceptions dans le football. Il a été assez intelligent pour s’appuyer dessus et il en est ressorti un très très bon entraîneur, qui sait parler aux joueurs. Aucune question ne le dérange. L’autre jour, il a très bien répondu à tous ces pièges de journalistes sur la religion et la violence dans les quartiers nord en fin d’interview. Au-delà de Consolat, il mériterait d’entraîner en Ligue 1, mais il est sous contrat. « Nicolas, tu es sous contrat, tu ne peux pas partir ». Cette année il a été sollicité en Ligue 1 pour être adjoint. Il a déjà les épaules. Il nous a fait grandir. On l’a aussi fait grandir. Autant continuer l’aventure si on monte en Ligue 2…
Mingallon: « Il n’y a aucun rapport avec l’OM depuis 20 ans »
Jean-Luc Mingallon, quels sont les rapports du GS Consolat avec l’OM ?
J.-L. M. : Il n’y a aucun rapport avec l’OM depuis 20 ans, même quand José Anigo, mon ami d’enfance, y était… J’en veux pas à Labrune. Tout le monde pense que je lui en veux car je l’aurais un peu secoué dans des interviews. J’en veux directement à l’OM. On va arrêter de rêver de travailler avec eux. Ils se prennent pour des cadors, alors ils sont des cadors… L’autre fois, j’ai voulu discuter avec Labrune pour des prêts de joueurs, à moi il voulait les facturer, et il les prête gratuitement à toute la France… On n’a pas la même notion du football, eux c’est du football business, nous c’est du football de rue. On a recours aux affaires pour renflouer les caisses. Je ne veux plus discuter avec l’OM tant que ces gens seront encore en poste.
Les dirigeants de l’OM vous ont-ils déjà sollicité au sujet du centre de formation ?
J.-L. M. : Quel centre de formation ? Il y a 3 ans, pour se maintenir en CFA, ils ont dû prendre des joueurs amateurs de 30-32 ans. Ces dernières années, ils ont formé Nasri, Flamini, qui s’est taillé avant de signer pro, Boutobba s’en va aussi… Je sais que ça va faire bondir les dirigeants du football amateur. Air Bel commence à donner des joueurs à Chelsea, Montpellier, Nice. L’autre jour, je vois l’interview du recruteur de Nice qui dit que le bassin méditerranéen est magnifique. Et nous ne sommes pas capables d’en profiter. On préfère des projets Dortmund… Comme si on avait une tronche à avoir des projets allemands rigides. Qu’on me parle de projet marseillais avec des Marseillais, des Provençaux qui sont fiers de porter le maillot, du style Bilbao. Il y a de la passion ici. Je vois des supporters désespérés… On me parle de l’investissement de la famille Dreyfus. Je ne veux toucher personne. J’entends que la famille Dreyfus a mis 400 millions d’euros sur 20 ans. Ça fait que 20 millions d’euros par an. Pour avoir la notoriété qu’ils ont, c’est rien du tout ! RLD, comme Bernard Tapie, personne ne le connaissait avant de venir à l’OM. Labrune, qui le connaissait avant qu’il vienne ? Personne ! C’est pour ça qu’il ne veut plus le quitter. Quand vous êtes malmenés comme lui, quand vous êtes traités de tout par 65 000 personnes. Moi, si ça m’arrive, je m’en vais. S’il reste, c’est qu’il a des intérêts personnels. Être président de l’OM, ou autre, je ne rentrerai même pas dans ces détails.
MLD a officiellement mis en vente le club. Est-ce un motif d’espoir pour vous ?
J.-L. M. : Je m’en fous royalement. J’ai peur pour mon club, je le vois sur la mauvaise pente. L’année prochaine, 13 joueurs vont quitter le club, 10 prêtés et 3 en fin de contrat, comment on va faire pour les remplacer ? Qui est l’abruti qui va mettre des sous à l’OM. S’il ne met pas le paquet, c’est à dire 100 millions à la propriétaire et 300 millions d’euros à réinvestir pour le club, et s’il ne réussit pas, il va se faire traiter de tout par 60 000 personnes. C’est du suicide…
Propos recueillis par Paul Rourgue et Bryan Gironis
