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Matthieu Franceschi : Labrune et les « abrutis »

Mis à jour le - Publié le
Matthieu Franceschi

 

CHRONIQUE – CARTE BLANCHE POUR MATT

 

Chaque mardi, Matthieu Franceschi, l’un des supporters olympiens les plus influents de ces dernières saisons, a carte blanche. Cette semaine, l’ex porte-parole des South Winners revient sur le dérapage incontrôlé de Vincent Labrune du 23 août 2015…

 

 

Depuis le début de la saison, l’OM navigue de mensonge en mensonge côté communication, de déception en déception côté sportif. Pourtant, l’atmosphère est relativement calme autour du club malgré la situation sportive actuelle et l’avenir plus que flou. Vincent Labrune réussit à tenir son monde pour contenir les critiques, des médias aux groupes de supporters, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Et pour cela, je le félicite, peu importe la manière.

 

Il doit aussi y avoir une minorité de personnes qui pense sincèrement que Vincent Labrune fait du bon travail depuis cinq ans, qu’il ne peut que subir les restrictions demandées par Margarita Louis-Dreyfus. Ceux-là ne doivent certainement pas savoir qu’un autre président avant lui, Pape Diouf, arrivait à autofinancer le club tout en construisant une équipe compétitive. Sous sa présidence, le club présentait des bilans comptables positifs (l’un des seuls clubs en Europe), notamment de 2006 à 2009. Robert Louis-Dreyfus en a même profité, lors de cette période, pour récupérer de l’argent investi les années précédentes. Aujourd’hui, c’est tout le contraire, le bilan financier est catastrophique chaque année, l’équipe de moins en moins compétitive et Margarita Louis-Dreyfus ne cesse de boucher les crevasses d’une gestion pitoyable…

 

Et puis y a les autres, les « abrutis », des supporters de l’OM qui, un soir d’août 2015, se sont fait insulter par le président de l’institution OM. Ceux qui n’avaient pas besoin d’attendre la mi-saison pour prédire un dénouement plus que prévisible…

 

Les promesses de Labrune du 13 août 2015

 

Pour comprendre qui sont ces fameux « abrutis », il faut retracer les jours qui ont suivi la démission de Marcelo Bielsa, intervenue le 8 août 2015. Cinq jours plus tard, le 13 août 2015, Vincent Labrune tient une conférence de presse. Il sait que le départ de Bielsa va être très dur à avaler pour les supporters. Le seul moyen de s’en sortir est de faire l’« abasourdi » , de faire passer Bielsa pour un traître ou encore de faire croire à la volonté de continuer le projet entamé avec l’argentin. Vincent Labrune avait bien préparé sa communication depuis des semaines pour faire passer la pilule et va se lancer dans un énième baratin, sa marque de fabrique :

 

« Marcelo Bielsa nous a apporté beaucoup, en terme de professionnalisation, de rigueur. C’est un vrai plus pour le club dans les années à venir. Sportivement, on a fait une saison spectaculaire. »

 

« On a une vision de ce que doit être le football aujourd’hui, ça doit être un show, un spectacle. Nous avons recruté des joueurs pour avoir une équipe spectaculaire. On est contents d’avoir cet effectif. »

 

« On cherche un entraîneur qui doit continuer le travail de Bielsa. On ne cherche pas un héritier, mais quelqu’un capable de s’adapter aux objectifs du club et à nos ambitions. »

 

« On cherche un entraîneur capable de proposer du jeu offensif. Ce n’est pas une question de passeport, mais de philosophie. »

 

« Les supporters doivent être derrière le club. C’est la dernière année où l’on paye nos droits TV à la baisse. On a une année difficile économiquement. Ça ira mieux l’année prochaine. »

 

Lors de cette conférence de presse, le président olympien ne sera pas dérangé par des questions embarrassantes de la part des journalistes. Dès le lendemain, la version que Bielsa avait énoncée lors de sa démission était un lointain souvenir. Le dernier qui parle a raison, peu importe le contenu. Pouvons-nous nous attendre à autre chose de la part de certains médias qui critiquaient Bielsa avec une synchronisation parfaite dès le mois de février 2015, alors que l’OM jouait toujours le titre ?

 

La réunion avec les groupes de supporters

 

Quelques minutes après la conférence de presse, une réunion entre le « board » et les groupes de supporters se tient au réfectoire du centre Robert Louis-Dreyfus. Vincent Labrune est arrivé souriant comme si tout allait bien, se permettant même de provoquer le président des Dodgers, Christian Cataldo, qui avait fait une sortie dans la presse : « Alors Christian, puisque tu te permets de me critiquer dans la presse, tu vas commencer ». Je ne vous cache pas que cette attitude détendue était troublante. Avec du recul, je me demande si certains n’ont pas rassuré le président avant la réunion. Car hormis Christian Cataldo et moi-même, très peu ont sorti les crocs.
Pour ma part, toujours les mêmes sujets soulevés : les mensonges sur le départ de Bielsa, les manipulations et le manque d’ambition. J’ai eu droit à une réponse : « Matthieu, de toute façon tu es toujours en train d’attiser le feu sur les réseaux sociaux quoi que je fasse. Tu me critiques sur le départ de Bielsa mais tu ne m’as jamais remercié de l’avoir fait venir ». Pour le reste, le discours de Labrune est un copié-collé de la conférence de presse.

 

2ème journée : Le déplacement à Reims

 

A la fin de la réunion, le groupe des « Ultras Marseille » propose de faire un tifo « Pour l’Olympique » en parcage à Reims pour repartir de l’avant après la démission de Bielsa. Pour ne pas porter à confusion et ne pas faire croire que les groupes sont unis avec les dirigeants tant que la situation n’est pas éclaircie, le message est finalement « Pour nos joueurs ». Après le match et une nouvelle défaite, la nuance du message n’empêchera pas Vincent Labrune d’utiliser le tifo pour faire croire à l’unité : « On ne peut pas parler de crise », « Il faut souligner l’attitude exceptionnelle des supporters, dans les moments difficiles il faut se serrer les coudes même si on n’est pas d’accord sur tout. » Une nouvelle manipulation de communication qui aura du mal à passer chez certains d’entre nous.

 

3ème journée : La réception de Troyes

 

Après deux défaites consécutives, l’OM retrouve le Vélodrome avec sur le banc Michel, le nouvel entraîneur. Côté « South Winners », des chants « Labrune démission » vont se faire entendre à quelques minutes du coup d’envoi. Le président olympien va alors essayer, à plusieurs reprises pendant le match, de joindre par téléphone le groupe en question en visant une personne bien précise qu’il pense à l’origine des chants : Matthieu Franceschi. Pour la petite histoire, même si  je le critiquais ouvertement sur les réseaux sociaux comme en réunion, je ne suis pas à l’origine de ce chant. Car, est-ce utile de le préciser, ma vision sur la politique de Vincent Labrune était très largement partagée à l’époque dans la tribune, certainement encore plus aujourd’hui.

 

A noter également que côté « Fanatics », un message contre la direction a été déployé à l’entrée des deux équipes : « Un grand club mérite de grandes ambitions et une grande direction. » L’unité dont se vantait le week-end précédent Vincent Labrune semblait déjà fébrile…

 

23 août 2015 : Le dérapage incontrôlé de Labrune

 

L’OM cartonne 6 à 0 la lanterne rouge Troyes. Finalement un bel exploit puisque c’est l’une des deux seules victoires en 13 matches à domicile de championnat, à ce jour. Un soulagement pour Vincent Labrune. Une vengeance même par rapport aux chants des « South Winners » et au message des « Fanatics ». En zone mixte, après la victoire, Vincent Labrune, dans un état second, va perdre son contrôle devant les caméras de Canal Plus et l’OM TV…

 

« Ce qui est sûr c’est que cette année on aura une équipe très très très compétitive, il y a des imbéciles et des abrutis qui se servent de chaque soubresaut pour faire des révolutions de palais qui n’ont pas de sens. C’est des choses qui faut dénoncer plus qu’autre chose. On sait ce qu’on fait, cette année on va donner beaucoup de plaisir aux gens. (…) On va prendre un avant-centre avant la fin du mercato pour compléter Michy, c’est une certitude.»

 

Qui Labrune visait-il ?

 

Un président de très grande classe. Bien évidemment Vincent Labrune visait tous ceux qui osaient (et osent encore) critiquer sa politique avec une mention spéciale pour  les « Fanatics », les « South Winners » et Franceschi. Dans ce club, la critique est interdite même si elle est justifiée. Un dérapage qui montre avant tout la fébrilité d’un homme qui pense à son image avant de penser à l’OM, un homme qui ne supporte pas de voir des personnes pointer du doigt ses mensonges. Ces fameux « abrutis » sont avant tout ceux qui sont tristes de voir leur club s’effondrer depuis cinq ans, qui s’inquiètent simplement de l’avenir de l’Olympique de Marseille, qui se saignent toute l’année en avalant les kilomètres en bus pour défendre les couleurs de l’Olympique ou qui se plient en quatre pour fabriquer des tifos qui font briller le Stade Vélodrome.

 

Lors de la réception de Bastia en septembre, chez les « Fanatics »,  une réponse avec humour et cruelle de vérité, bien loin des paroles acides de Vincent Labrune, a été déployée : « 2010-2015 : Aucun titre, même des abrutis peuvent comprendre »

 

Le temps donne raison aux « abrutis »

 

Le temps donne pour l’instant raison à tous ces « abrutis ».
Sept mois plus tard, tu rigoles en relisant la conférence de presse liée au départ de Bielsa. Ou plutôt tu pleures quand tu vois le champ de ruine qu’est devenu le club en aussi peu de temps.
Je vais simplement prendre l’exemple de la marionnette à Vincent Labrune, le légendaire Basile Boli, ambassadeur du club, qui depuis le début de la saison enchaîne les interviews pour défoncer Marcelo Bielsa à la demande du « board » et faire croire à un grand projet. En décembre, Basile Boli explique sur RMC que « Michel a essayé de changer la philosophie du club avec Vincent Labrune et le staff. » L’inverse du projet expliqué par le président en août.

 

Et que dire de la promesse où il explique que ça ira mieux économiquement la saison prochaine ? Depuis quelques semaines, Vincent Labrune distille, à droite et à gauche, des infos pour expliquer que malgré les nombreuses ventes d’août, la situation économique est toujours inquiétante (à cause de Bielsa bien évidemment) au point d’encore s’affaiblir en fin de saison. Quand la communication n’est faite que de mensonge, pas évident de s’y retrouver.

 

Et les résultats ? Où est cette équipe « très très très compétitive » promise ?
C’est celle qui est sur 11 matchs sans victoire au Vélodrome ?
Celle qui a du mal à se positionner dans la première partie de tableau dans l’un des championnats les plus faibles de l’histoire de la Ligue 1 ?
Celle qui se fait éliminer par un relégable en Coupe de la Ligue ?
Celle qui saute en 16ème de finale de l’Europa Ligue par une triste équipe de Bilbao après être sorti difficilement d’une poule aux équipes « fantômes » ?

 

Enfin, la certitude sur le recrutement d’un avant-centre avant la fin du mercato estival était encore de la poudre aux yeux. Il aura fallu attendre les derniers instants du mercato… d’hiver, six mois plus tard, pour voir l’arrivée d’un élément supplémentaire à ce poste.

 

Et c’est comme cela en permanence depuis des semaines, depuis des mois, depuis des années. Mentir encore et toujours pour masquer les incompétences mais surtout pour détourner une réalité politique qui est en train de tuer l’Olympique de Marseille.

 

Depuis le 23 août 2015, comme beaucoup, je suis fier de faire partie de tous ces « abrutis » qui se battent pour la vérité et pour que l’Olympique de Marseille redevienne un Grand Club.

 

Matthieu Franceschi

@FranceschiMatt

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