Arrêtons de prendre les supporters pour de grands enfants : Ils savent bien que le titre de champion d’automne est symbolique. Mais il fait du bien !
Voilà des semaines que les tenants de la langue de peuplier nous déclinent à tous les temps la chanson sur ce titre de « champion d’automne totalement anecdotique… ». Et bien, si ce virage en tête à l’issue des matchs allers est une anecdote, on peut dire que depuis dimanche Marseille se la raconte avec plaisir. Preuve que les Marseillais n’y accordait qu’une importance relative, les 62.408 supporters présents pour bousculer une nouvelle fois le record d’affluence du nouveau vélodrome. Et dès le coup de sifflet final, le tour d’honneur de certains comme Dédé Gignac se meurtrissant la poitrine de larges droites sur le cœur n’était sans doute destiné qu’à célébrer les quelques jours de vacances généreusement octroyés par Marcelo Bielsa.
Tellement anecdotique ce titre de champion d’automne, que le coach argentin en a perdu son calme, au moins à deux reprises dans la semaine. Le jeudi avec les joueurs qui réclamaient du repos supplémentaires, le vendredi avec la presse coupable d’avoir fait découvrir aux joueurs qu’ils étaient fatigués, preuve qu’à Marseille l’anecdote peut vite tourner à la galéjade. Et qu’on l’a vu dimanche après-midi lever un point rageur après le but de Batshuayi…
C’est l’histoire d’un club champion d’automne et qui aime ça…
Et qu’importe aux Marseillais que champion d’automne n’est pas (vrai) un titre. Il suffit de rappeler que l’OM n’avait plus fait le virage en tête depuis 2003. Et si ces onze années n’ont pas été toutes synonymes de souffrance, l’OM a offert un début de saison particulièrement jouissif à ses supporters.
Qu’importe encore que ce titre là ne figurera pas au palmarès officiel, Le simple fait de voir l’OM entête devant ses deux ennemis ancestraux, Lyon et Paris, suffit au bonheur de dizaine de milliers de provençaux. Alors pour une fois, laissons de côtés tous les souverains poncifs du genre « on prend les matches les uns après les autres », « le championnat est encore long », « c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens »… Pour l’instant, c’est l’histoire d’un club, l’OM, qui est « anecdotiquement » champion d’automne et qui aime ça.
Les effets d’épaules de Vincent Labrune
On a évoqué le satisfaction des supporters, la joie des joueurs, encensé la méthode Bielsa, Même Vincent Labrune est venu revendiquer un bout de couverture à tirer et qui en profite pour quelques effets d’épaules devant les caméras de BeIN : « « Je vais plutôt bien car c’est mieux d’être premier que troisième, c’est mieux d’avoir 60 000 personnes dans le stade que 20 000, c’est mieux d’avoir un entraîneur performant qu’un coach qui n’est pas bon, c’est mieux d’avoir des joueurs qui progressent que des joueurs qui n’ont pas de valeur… C’est difficile de ne pas être satisfait». Il aurait d’ailleurs pu s’en tenir là, un brin frimeur, un brin moqueur, mais la nature a repris le dessus : « On avait annoncé au mois de juin une révolution culturelle et structurelle qui avait fait rigoler beaucoup de gens, pontifie-t-il. On constate que six mois après, le travail porte ses fruits, grâce à Marcelo Bielsa, grâce à son staff, grâce au professionnalisme qu’il a amené et à l’engagement que nos joueurs mettent dans les matchs (…) On a fait le pari de lui donner les clés du secteur sportif et de cloisonner de manière drastique le sportif du reste. Et ça se passe très bien.»
Un petit écran de fumée dont le président de l’OM est passé maitre pour faire oublier que Bielsa n’était qu’un second choix (le premier c’était Villas-Boas) et que les clés du sportif ont plus été arrachées par l’Argentin que cédées de bon cœur. Mais bon, en cette trêve des confiseurs, ne conservons que le positif. Les polémiques arriveront toujours assez tôt pour alimenter les colonnes que le mercato d’hiver risque de laisser bien vides.
En attendant, joyeux noël à tous !
Antonin VIAN
