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Franceschi : « Supporter l’OM et l’équipe de France de Le Graët n’est pas compatible »

Mis à jour le - Publié le
Matthieu Franceschi

 

ÉDITO – Quand on est supporter de l’OM, si on n’a pas la mémoire courte, il est très compliqué d’être derrière l’équipe de France de football…

 

Ce mercredi, le Stade Vélodrome accueille l’équipe de France de football dans le cadre de l’Euro 2016. L’ambiance sera à la fête, bien loin des évènements de samedi dernier entre les hooligans russes et anglais.

 

Je ne vais pas faire dans la démagogie et je profite de ce match au Vélodrome pour faire un petit rappel historique, à travers ce billet, aux supporters de l’Olympique de Marseille qui soutiennent l’équipe de France de football.

 

Le 26 mai 1993, l’Europe parlait le marseillais. En remportant le Ligue des Champions, une première pour un club français, l’OM devenait la fierté d’une ville, d’une région mais aussi d’un pays. L’insolente réussite olympienne et la fulgurante ascension du président Bernard Tapie allaient malheureusement faire de nombreux jaloux, tant sur le plan sportif que politique.

 

Éclate alors l’affaire de corruption OM/VA, le feuilleton de l’été 1993. S’il est logique que les acteurs de cette affaire soient sanctionnés, l’acharnement haineux contre le club a été démesuré. La vengeance politique a pris le dessus sur le sportif. Devenant trop important dans le paysage politique marseillais et français, l’occasion est trop belle pour anéantir Bernard Tapie et par la même occasion l’Olympique de Marseille.

 

Le 6 septembre 1993, le comité exécutif de l’UEFA décide d’exclure l’OM de l’édition 1993-1994 de la Ligue des Champions. Impossible alors pour les olympiens de défendre leur titre de champion d’Europe. De plus, l’UEFA empêche le club de disputer la prestigieuse coupe Intercontinentale ainsi que la super-coupe d’Europe.

 

Sans compétition européenne, l’OM est en grand danger financièrement. Bernard Tapie décide alors d’attaquer l’UEFA devant un tribunal civil européen. Le président olympien obtient gain de cause et le tribunal annule la sanction de l’UEFA contre l’OM !

 

Face à cette décision, l’UEFA va alors menacer les instances du football français pour que l’OM retire son recours juridique. C’est alors que le président de la Ligue Nationale de Football de l’époque, Noël Le Graët, va adresser, le 10 septembre 1993, une lettre lunaire à Bernard Tapie :

 

« En ma qualité de Président de la Ligue Nationale du Football et au nom de l’ensemble des dirigeants du Football Professionnel, à l’heure où la F. I. F. A. s’apprête à prendre des décisions très graves à l’encontre de la F.F.F. et, par voie de conséquence, de la L.N.F. et de tous les clubs français, je tiens à m’adresser à vous avec solennité pour vous demander de retirer l’action judiciaire que vous avez engagée à l’encontre de l’U.E.F.A. et qui va, inéluctablement, conduire à une situation dramatique qui n’épargnera personne.

 

Le Président du plus prestigieux des clubs français, qui nous a apporté le premier trophée européen de notre histoire et dont les joueurs, par leur talent exceptionnel, ont amené l’Équipe de France à participer à la Coupe du Monde 94 et ont grandement contribué à ce que notre pays se voit attribuer l’organisation de la Coupe du Monde 98, ne peut pas être celui qui sera l’auteur de sa perte.

 

Je fais appel à votre attachement à notre sport, à votre sens des responsabilités, à votre intelligence, à votre cœur, en un mot à votre patriotisme, pour prendre la mesure des enjeux moraux, économiques et sportifs auxquels nous sommes tous en France confrontés.

 

L’avenir du Football Français dépend de vous et de votre décision. Je veux espérer, Monsieur le Président, que la force de ma conviction saura entraîner votre action bénéfique pour tout l’ensemble du Football Français. »

 

Face à l’ampleur de l’affaire, Bernard Tapie retirera l’action judiciaire contre l’UEFA. L’OM ne jouera donc aucune compétition européenne pour 1993-94 et se voit par conséquent dans l’obligation de vendre plusieurs joueurs. En prenant cette décision lourde de conséquence pour l’OM, mais vitale pour le football français, le président olympien espérait certainement plus de clémence au niveau des sanctions nationales contre l’OM. Non seulement ce ne fut pas le cas, mais en plus, Noël Le Graët mettra de nombreux coups de poignard dans le dos du peuple marseillais. Quand on voit le résultat, jamais Tapie n’aurait dû retirer son recours…

 

Le 22 septembre 1993, les instances du football français annulent le titre de champion de France 1992-93 de l’Olympique de Marseille. Ce titre a été obtenu sur le terrain et il restera à jamais gravé dans nos cœurs et sur le palmarès olympien.

 

En championnat, l’OM finira second de l’exercice 1993-94. Malgré cela, Le Graët et la FFF décident de rétrograder le club en deuxième division en guise de nouvelles sanctions pour la saison 1994-1995. Mais les instances du football français ne s’arrêteront pas là. Malgré le titre de champion de France de D2 1994-95, la DNCG refuse l’accession sportive en D1 et maintient le club à l’étage inférieur pour 1995-96.

 

Le Graët et ses amis ont essayé d’assassiner l’OM pendant trois années dans l’espoir de voir le club disparaître. Mais l’OM ne meurt jamais. De son côté, depuis plus de 20 ans, en guise de remerciements et de petits arrangements entre amis, Le Graët a continué son ascension pour devenir en 2011 le président de la Fédération Française de Football, le grand patron de l’équipe de France de football.

 

Étrangement, malgré son acharnement contre l’OM par rapport à l’affaire de corruption où la morale était soit-disant son leitmotiv, Le Graët n’a pas hésité, 20 ans plus tard, à négocier des contrats avec l’un des principaux acteurs de l’affaire OM/VA, Jean-Pierre Bernès, aujourd’hui agent, pour le poste de sélectionneur (Laurent Blanc puis Didier Deschamps) de l’équipe de France.
Où est ta fameuse morale Noël ?

 

Voilà pourquoi, certains supporters de l’OM ne sont plus supporters de l’équipe de France de football depuis 1993, encore moins depuis 2011. Beaucoup à Marseille ont sauté de joie en novembre 1993 quand le bulgare Emil Kostadinov, après un ballon perdu par David Ginola, plaça un missile sous la barre transversale de Bernard Lama synonyme d’élimination de La France pour le Mondial 1994.

 

Quoi de plus jouissif que de voir les patrons du football français pleurer ? Notons au passage que dans sa lettre, deux mois auparavant cette élimination, Le Graët le visionnaire expliquait à Tapie que « les joueurs ont amené l’Équipe de France à participer à la Coupe du Monde 94 ».
Loupé.

 

Supporter l’OM, c’est être contre ceux qui ont voulu et qui veulent la mort de notre club. Supporter l’OM, c’est aussi connaître un minimum l’histoire noire de notre club.

 

Comme certains supporters olympiens, je ne supporterai pas les Bleus ce soir. Ce n’est pas une sanction morale contre mon pays, c’est une sanction contre un système véreux, celui de la FFF mais aussi de la LFP.

 

Pour soutenir des équipes de France, j’attendrai les JO de Rio.
Mais pour le foot, ça sera seulement l’OM.

 

Allez l’OM !

 

Matthieu Franceschi

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