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OM-EL // Avis d’un spécialiste : Leipzig, la forme de l’équipe actuelle, son public, son identité…

Publié le - Mis à jour le
RasenBallsport Leipzig

 

Demain soir, l’OM disputera son premier quart de finale européen depuis la saison 2011/12. Face à lui se dressera un club qui évoluait encore en 4ème division allemande il y a six ans : le RasenBallsport Leipzig. Un club très jeune fruit de la stratégie commerciale d’une marque de boisson énergisante. Cette vision du foot cristallise beaucoup de tensions en Allemagne mais pas que… Pour nous présenter un peu mieux cette équipe, nous sommes allés interroger Julien Duez de l’excellent site Footballski

 

 

« L’OM a quand même beaucoup plus de joueurs d’expérience »

 

 

 

Avant de parler de l’histoire particulière du club, pourrais tu nous présenter les forces et faiblesses de l’équipe que s’apprête à affronter l’OM ? 

 

 

 

Julien Duez (Footballski) : « La force principale de Leipzig, c’est clairement son collectif. C’est une équipe assez complète avec pas mal de joueurs qui se connaissent depuis longtemps. Certains se côtoient depuis la D2 voire la D3. Je pense à des joueurs comme Poulsen, Forsberg, Ilsanker ou même dans les cages Peter Gulacsi.

 

 

En revanche, la principale faiblesse et je ne vais pas être très original dans ma réponse, c’est le manque d’expérience européenne. T’as pas forcément de cadres qui se distinguent par une grosse expérience européenne. En Europe, ils ont puisé dans cette force collective qui les a aidé à terminer second de Bundesliga la saison dernière mais l’OM a quand même beaucoup plus de joueurs d’expérience. »

 

 

 

 

 

Est-ce que l’on peut dire qu’actuellement le RB Leipzig revient bien en forme ? 

 

 

 

Julien Duez (Footballski) : « Oui et non.

La victoire contre le Bayern, c’était clairement très très fort parce qu’ils ont complètement dominé leur sujet. C’était vraiment impressionnant. Mais le week-end dernier, ils ont gagné 3-2 à Hanovre après avoir mené 2-0 puis 3-1 mais n’ont pas été loin de concéder le nul au final… Ça manque un peu de solidité.

 

Leur problème c’est la capacité à gérer l’exercice du début à la fin. Ils sont arrivés à un stade où ils paient le moindre relâchement. La dynamique reste quand même bonne. Surtout qu’ils ont récemment récupéré la quatrième place et le dernier ticket pour la Champion’s. »

 

 

 

 

Parlons un peu du stade dans lequel l’OM va jouer…

 

 

 

Julien Duez (Footballski) : « C’est un stade que l’OM connait bien puisqu’il y a joué en Coupe des Coupes 1987 contre le Lokomotive Leipzig. Ils font 0-0 et au retour Klaus Allofs marque le but de la qualification pour l’OM.

 

À l’époque c’était un stade de 100 000 places (rénové deux fois depuis et ramené à une capacité de 42 959 places) qui était souvent plein ou au moins avec une moyenne de 60/70 000 spectateurs. Leipzig est une grande ville de foot en Allemagne.

 

 

Puis le mur de Berlin est tombé, il y a eu de grandes différences dans le développement entre l’ex-Allemagne de l’Est et l’ex-Allemagne de l’Ouest. Les clubs historiques de l’est sont tombés dans les profondeurs du classement, relégués, certains sont même tombés en faillite. Il n’y a pas eu de soutien pour les maintenir à flot. Le « Lok » Leipzig a complètement disparu, aujourd’hui ils sont en 4ème division. »

 

 

« J’ai eu Klaus Allofs au téléphone ce matin qui m’a dit qu’il y avait de moins en moins de gens qui détestaient gratuitement le RB Leipzig »

 

 

 

 

Dayot Upamecano

 

 

 

Justement, le RB Leipzig ne bénéficie pas de l’aura historique du Lokomotive et semble particulièrement détesté en Allemagne à cause de cette image trop commerciale, non ? 

 

 

 

Julien Duez (Footballski) : « Quand Red Bull est arrivé en 2009 avec une enveloppe de 100M€ pour monter un club, il fallait qu’ils reprennent une licence. Les équipes traditionnelles de Leipzig comme le « Lok » (Lokomotive) ou le Chemie (FC Sachsen Leipzig) n’ont pas voulu parce que ça signifiait abandonner une partie de leur identité.

 

 

Du coup, ils sont allés chercher un petit club de banlieue et ont monté ce projet de club estampillé « Red Bull. » Ils ont réussi leur pari de monter en première division plus vite que prévu. Mais effectivement, c’est un club profondément détesté par les supporters des clubs dits « de tradition » comme le Bayern, Dortmund, Hambourg, Brème, Kaiserslautern…

 

Parce que c’est un club commercial qui n’a pas ce fort ancrage populaire et une longue tradition derrière lui. C’est très important dans l’identité du foot allemand.

 

 

Après j’ai eu Klaus Allofs au téléphone ce matin et je lui ai demandé si les gens allaient soutenir Marseille parce qu’ils détestent Leipzig ou quand même être derrière l’un des deux derniers clubs allemands en coupe d’Europe cette saison. Il m’a répondu qu’il y avait de moins en moins de gens qui détestaient gratuitement le RB Leipzig. Maintenant qu’ils sont installés en Bundesliga, que tout le monde les connait, qu’ils jouent l’Europe…

Puis ils produisent vraiment du beau jeu, ils ont un style de jeu très alléchant. Ils ont des joueurs avec une grosse personnalité comme Timo Werner, Naby Keita, Doyot Upamecano…

 

 

Progressivement, c’est un club qui rentre tout doucement dans la normalité vis-à-vis du grand public. Certainement pas les ultras ou les gens qui vont voir jouer le Bayern ou Dortmund depuis 30 ans… »

 

 

 

 

 

Et dans la ville et la région même de Leipzig, comment est vu le club ? 

 

 

 

Julien Duez (Footballski) : « C’est devenu le club numéro 1 à Leipzig et dans la région devant le Lok ou le Chemie.

 

 

Peu importe où t’es, t’as quand même envie de voir du beau foot. Donc quand t’as une équipe qui joue dans un stade ultra moderne contre le Bayern ou Dortmund, les gens préfèrent ça à des affiches de D4.

 

Il faut aussi savoir que le « Lok » Leipzig a par exemple longtemps été confronté à des problèmes de violence liés à l’extrême droite. Quand t’es un parent, t’as pas envie d’emmener ton gamin dans un stade où il va y avoir des nazis qui font des cris de singe et se battent…

Le RB Leipzig, c’est un club très propre, très brillant… Oui c’est un produit commercial mais… c’est « safe ». »

 

 

 

La fréquentation du stade est très élevée. À quoi ressemble le public qui vient aux matches du RB Leipzig ? Ce sont de vrais amoureux de foot ou pour parler de manière un peu triviale, il s’agit d’un public de footix ? 

 

 

 

Julien Duez (Footballski) : « Honnêtement, il serait injuste de dire que c’est un public de footix même s’il y en a beaucoup. Dans le sens où certains ne s’intéressaient pas au foot avant parce qu’il y en avait pas chez eux. Quand il y a eu un club qui a commencé à marcher…

 

 

Après je me souviens être aller à Leipzig et discuter avec des supporters. Il y avait une mère de famille d’une quarantaine d’années qui me disait : « Moi gamine j’allais au « Chemie » Leipzig avec mon père et en fait j’ai arrêté d’y aller parce que c’était trop violent. Quand le RB est arrivé, j’ai retrouvé le plaisir du foot. » Donc elle connaissait le foot, la culture même du stade. C’est pas la seule d’ailleurs, il y a une vraie communauté qui grâce à ce club a la possibilité d’aller voir des matches dans des bonnes conditions chez eux.

 

T’as aussi des groupes de supporters qui se sont montés avec tifos, déplacements… Mais ils n’ont pas trop développé le côté ultra.

Ça applaudit très poliment mais ça chante aussi du début à la fin même si c’est pas avec la même ferveur que dans les grandes équipes de traditions. »

 

 

Tous propos recueillis par Mourad Aerts

 

 

 

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